Vapeurs de l’amour

Vapeurs de l'amour

Seuls l’Amour, l’Alcool et la Vie se payent Rubis sur l’ongle, mais encore fallait-il la vivre puis l’écrire, la graver dans la page et l’histoire littéraire cette belle vérité universelle. La jeter avec tact et moult précaution dans l’unité d’un recueil imbibé de poésie, de légèreté, de grâce contagieuse, qui tâche joliment les préjugés, pousse délibérément à l’épicurisme et à la danse des sens.

C’est chose faite avec la sortie de « Rubis sur l’Ongle » publié aux éditions Hermaphrodites qui, de plus en plus, s’affichent comme une maison de premier ordre qui construit un catalogue rare et précieux. Cette dernière cuvée étant particulièrement goûteuse.

Les poèmes de Werner Lambersy réveillent et réaniment en nous des forces d’enthousiasme communicatif, d’amour, et nous incitent à prendre part, si précaire soit-elle, aux épousailles de la vie.

La Poésie devient concrête, abordable, à proximité sans promiscuité, sans compromis graveleux avec la mode ou la facilité. Un message simple et direct. Une voix.

Ce qui s’envisage clairement, s’écrit dans la langue la plus accessible et la plus juste qui soit, Werner Lambersy dit le monde avec une sobriété stylistique déconcertante, efficace et précieuse comme un rubis. Une pierre pas trop brillante, quelque chose qui doit rester accessible au quotidien.

L’Ongle c’est la Femme, la muse, l’inspiratrice qu’on aime avec passion et à qui l’on déclame des assertions rouges comme des immenses champs de pavots. Le liant c’est la boisson, comme un vin de vigueur, qui accompagne le destin et le stigmatise jusque dans la dernière goutte d’amour.

Tendre, provocateur, anticlérical, coquin, doux, malin et passionnant, Werner est un conteur hors pair, hors catégorie qui nous subjugue au coin du feu des passions et des déraisons.

(...)« Il y a trois sortes de péché/ Le regret d’avoir péché / L’orgueil d’avoir péché / Et l’oubli d’avoir péché »(...)

Texte ultra minimaliste qui se prolongerait dans une veillée magnifique jusqu’au petit matin, sens de la formule légendaire qui passe aussi bien à l’écrit qu’à l’oral, Werner Lambersy réussit la prouesse d’écrire avec peu de mots mais sans raccourcis ou mauvaise vulgarisation, sans prostituer sa pensée aux bons mots lapidaires ou grandiloquents, sans s’écouter marquer d’une empreinte forte la Poésie.

Poésie du manque, de la dépendance et des plaisirs mêlés, Ce grand livre rouge deviendra vite un classique, un ouvrage de référence. Je vous le conseille avidement, c’est ma tournée, abusez-en sans modération.

Rubis sur l’ongle, Werner Lambersy, (2005), Editions Hermaphrodites.
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