Saucisse dans la Bouche de Métro

Saucisse dans la Bouche de Métro

Comment garder toute son intégrité critique lorsque, comme moi, on copine outrageusement, non seulement avec l’auteur du livre, mais aussi sans vergogne avec son maître Serge Scotto, avec Elsa la charmante compagne de ce dernier et avec la mère du polardeux qui est aussi la grand-mère de l’écrivaillon par-dessus le marché ?

L’honnêteté intellectuelle qui est une seconde nature - inquiète parfois je l’avoue - dans ma plume, me pousse donc à la plus grande vigilance et rigueur en rédigeant ces lignes. Attachons-nous donc au texte, rien qu’au texte, seulement au texte, en oubliant tout copinage qui serait excessivement malvenu pour ma carrière et qui foutrait un coup de griffe à la déontologie de mon noble métier qui ne doit jamais être cabot.

« Saucisse dans le Métro » publié dans l’excellente maison d’édition marseillaise Jigal se lit comme un roman, ce qui est déjà une prouesse formelle, littéraire et conceptuelle puisque, précisément, ce n’en est pas un. « Saucisse dans le Métro » disais-je est un livre qui tient dans la poche mais qui fait bien moins de mal qu’un paquet de cigarettes alors qu’il coûte à peine moins cher. C’est un livre original qui tendrait à prouver que les chiens ont bien des choses à nous dire. La morale de cette fable moderne. On est tous des chiens dans un monde de brutes, autant l’admettre sans honte.

Mais avant d’aller plus avant dans l’analyse scrupuleuse de ce livre hors normes, arrêtons-nous quelques secondes sur la préface de Marie Despechin. Ce genre d’incipit on sait ce que c’est et ce que cela vaut, cela sert souvent à faire monter la valeur ajoutée d’un livre, c’est bien souvent un Name doping piteux n’ayant pas grand intérêt pour la suite et pis encore pouvant parfois déprécier l’œuvre à lire, car c’est tout de même un peu le but d’une lecture de ne pas s’arrêter après la préface..

Force est de constater que la préface de l’écrivaine n’a rien de vain, qu’elle est tellement jubilatoire, drôle et bien vue que c’en est presque énervant, surtout lorsque comme moi on jalouse Desplechin d’avoir été choisie pour la signer et de s’en sortir aussi bien et/ou certainement mieux que je n’aurais su le faire moi-même. (Soupir)... Donc si vous n’aimez pas « Saucisse dans le métro » au pire des cas il vous restera les 5 pages de cette préface qui valent leur pesant de nourriture pour... chien.

Mais recentrons le débat s’il vous plaît et enterrons nos digressions dans le jardin avec notre papatte. « Saucisse dans le Métro » est un recueil de chroniques douces-amères, sortes de caméras embarquées à hauteur de museau qui regarderaient la vie des hommes comme les hommes eux-mêmes ne la verraient plus. Saucisse est un chien engagé politiquement mais un militant comme on les aime, bien au dessus des partis et se battant les couilles de la bonne pensée ambiante.

Un chien libertaire mais pas chiant à la gouaille succulente et à l’œil acéré, précis mais jamais revanchard. Un chien qui avait un an en l’an 2000 et qui malgré son ascension médiatique est resté une bête simple, accessible, et qui désormais a tout à fait sa place dans l’arène des mots, où ses coups de gueule, ses aboiements, ses coups de griffes, ses grognements font un bien fou à la Démocratie et à la Littérature. Wouaf !

Saucisse dans le métro, Serge Scotto & Saucisse, Editions JIGAL, 137 pages, 7 euros 50

Son éditeur, les éditions JIGAL

Son éditeur, les éditions JIGAL