Interview : Raphaël

Interview : Raphaël

Raphaël sort déjà son troisième album. Beaucoup plus mature, il revient donc avec une « Caravane » de nomade pour continuer la route mais de façon différente, de manière plus positive. Une sorte d’hymne à la vie, à l’amour et à la rédemption.

Dans ton deuxième album tu disais de « suivre la musique » peux tu me dire où elle nous conduit avec ton nouvel opus ?

Raphaël : « Pas du tout. Je ne peux pas t’en dire plus. C’est encore un gros point d’interrogation. J’avais utilisé cette expression plus dans le sens de marcher au pas. »

C’est quelque chose que tu n’aimes pas je présume ?

Raphaël : « Pas spécialement (rire). Comme beaucoup de monde. »

Tu enchaînes vite les albums ?

Raphaël : « Parce que je ne sais pas vraiment quoi faire d’autres. Les vacances c’est pas mon truc donc dès que j’ai fini de tourner je passe une semaine à appeler mes copains et ensuite je retourne à mes chansons. »

Ce ‘Caravane’ a commencé quand alors ?

Raphaël : « J’ai commencé à le composer en mars 2004 pendant un break de la tournée et je l’ai terminé en janvier de cette année. »

Tu étais alors en plein sevrage tabagique ?

Raphaël : « Tout à fait. J’y suis toujours d’ailleurs. J’ai arrêté puis j’ai repris pour re-arrêter. C’est la cinquième fois que j’arrête et plus j’arrête et plus c’est facile. Je compense par du sport. »

Pour une fois commençons par le visuel, après la lumière de « La réalité » tu passes à quelque chose de sobre sur « Caravane » ?

Raphaël : « Je ne la voyais pas sombre cette pochette, nous avons eu des problèmes de tirage en imprimerie ce qui donne des disques foncés et d’autres plus clair. L’idée c’était d’avoir une grosse tête en gros plan. Sur le premier disque on me voyait pas, sur le deuxième disque on me reconnaissait pas et sur celui là c’était de faire un visuel plus naturel. »

L’album est plus positif tout en gardant des moments de révolte ?

Raphaël : « Je suis très content de la vie, un peu trop content d’ailleurs (rire). Je ne fais pas une critique de la société de consommation comme on pourrait le croire mais une critique de la société tout court. Je crois qu’il y a quelque chose de profondément injuste dans la société humaine. L’idée qu’il y a des gamins qui tendent la main pour manger et d’autres qui ont mille paires de chaussures dans leur placard montre que nous vivons dans un monde injuste. »

Tes disques sont toujours assez courts ?

Raphaël : « J’ai grandi avec des vinyles de Bowie ou des Stones qui ne dépassaient pas une trentaine de minutes, je trouve que c’est très logique finalement de faire des albums rapidement et pas trop longs quitte à l’écouter trois fois de suite. »

Dès la première piste il y a une philosophie de tracer la route que n’aurait pas reniée la beat génération ?

Raphaël : « C’était surtout l’idée de l’album précédent, celui là excepté le titre ‘Caravane’ qui est plus dans l’optique de campement, de liberté, c’est un album qui voyage moins. »

N’y aurait il pas comme une fuite en avant chez toi ?

Raphaël : « Je ne sais pas. Il y a toujours une certaine forme de fuite chaque jour. Mais ce n’est pas un disque de voyage, c’est plus un disque de romantisme, d’alcool ou d’arrêt de l’alcool, de nuit ou de sentiments amoureux. Un disque de bagarreur. »

Les ballades prennent vraiment une grande importance sur ce disque ?

Raphaël : « Un peu plus Bob Dylan (rire). »

Ai-je tort de dire que la « Chanson pour Patrick Dewaere » tient beaucoup à « Coup de Tête » le film de Jean Jacques Annault ?

Raphaël : « La chanson est sortie très instinctivement. Je ne sais jamais vraiment pourquoi je fait les choses jusqu’au moment où je ne me pose plus de questions et que je sais qu’elles sont faites. Le titre est venu presque comme de l’écriture automatique. C’est un peu ce que moi je traversais : j’avais arrêté la clope, l’alcool et pleins d’autres trucs qui m’arrivaient. C’est le sentiment d’un mec qui vivrait à la minute même qui n’est même pas au jour le jour mais dans l’instant. Un gars qui prend ce qui arrive et j’avais l’image de ce type en tête, toute l’émotion qu’il dégage de très fort et sincère, comme Léotard ou Bohringer. Il y a tout ce côté un peu brûlé, écorché vif qui me plait bien en eux. »

Sais-tu comment les mexicains enterrent leurs morts, en faisant une grande fête, cet album est il une sorte de fin posthume à l’ancien Raphaël ?

Raphaël : « Pas du tout. Je le qualifierais plus d’album « en-thume » parce que je ne me sens pas si fantôme que ça.(rire) »

C’est un grand plaisir d’accueillir certains musiciens de David Bowie sur cet album ?

Raphaël : « Oui, même si personne ne les connaît c’est déjà pour moi une grande satisfaction. »

Jean Lamoot l’un de tes producteurs est encore de la partie, te sentir en confiance pour offrir les rênes à d’autres c’est essentiel ?

Raphaël : « C’est vrai que j’ai des rapports très affectifs. Aussi bien avec Lamoot qu’avec Blanc-Francart. Je m’entends bien avec eux. Quand tu as bossé avec des gens pendant des mois et des mois tu crées des liens forts avec eux. En plus ce sont des gens qui ont un talent énorme qui font parti des meilleurs producteurs français, d’ailleurs ils sont très demandés. Je me suis crée une famille musicale. »

Tu sembles tout faire pour éviter d’aller t’échouer dans la variété française, d’une certaine manière rester indépendant face à l’image que tu pourrais dégager ?

Raphaël : « J’ai l’impression qu’on est choisi par un truc. On n’est pas maître de savoir si l’on est variété ou rock, quels types de journaux vont t’aimer ou pas. Finalement, la seule chose qui compte c’est de « faire » après si on me demande d’aller là ou ailleurs je dis bien souvent « oui » car il n’y a pas de raison de m’interdire quelque chose sous prétexte d’une image. »

Que penses-tu du parallèle que l’on fait avec Saez te concernant ?

Raphaël : « Cela ne me gène pas. C’est sûrement des gens qui n’écoutent pas beaucoup de musique. J’ai rien contre lui, on me comparerait avec Chimène Badi que cela ne me contrariait pas du tout ! J’aime plutôt bien tous les chanteurs en règle générale. Ce n’est pas forcément ce que j’écoute ou que j’achèterais mais dès que quelqu’un chante et provoque une émotion je les respecte. »

Sur scène cela s’annonce comment ?

Raphaël : « Ce sera sûrement très rock n’roll. C’est encore en chantier, je travaille sur le son, sur le spectacle en lui même. J’aimerais bien garnir autour de moi : des mimes ou des animaux qui montent sur scène, je pense pas que ce soit possible de faire venir un éléphant mais j’y pense. »

Pourrais-tu pour terminer évoquer avec nous ton amitié avec Jean-Louis Aubert ?

Raphaël : « C’est un très bon copain. C’est toujours un bon copain avec qui je pars en vacances, avec tout mon groupe d’ailleurs. Je pars beaucoup avec des musiciens, c’est avec eux que je me sens le mieux. Jean-Louis c’est un type pour qui j’avais une admiration énorme et depuis 4 ans que je le connais c’est vrai qu’il ne m’a jamais déçu une seule fois. Il est tellement simple et roots. Il a une vraie tendresse, sa grande qualité c’est qu’il est prisonnier de rien. L’essentiel comme toujours. Je suis mieux avec lui que sans lui. »