Antony Réa - Warrior made in France

Antony Réa - Warrior made in France

Agé de 27 ans, Antony Réa pratique le combat libre depuis maintenant 10 ans. 1m83, 92kg de muscles, son palmarès impressionnant fait de lui l’étoile montante et l’espoir français du Combat Libre : 17 titres nationaux et un titre international en amateur (Kenpô et Pankido), vainqueur de la Coupe d’Europe 2001 de Ju-Jutsu Brésilien et Grappling et de plusieurs rencontres de Vale Tudo aux USA et Canada. Hors du ring, il a accepté de se confier.

Pourquoi et quand as-tu débuté les arts martiaux ?

- J’ai débuté les arts martiaux à l’âge de 8 ans, par le Judo. Depuis mon plus jeune âge j’ai toujours eu une attirance pour les arts martiaux et les sports de combats, je me suis essayé au Judo et j’ai remporté quelques compétitions, je l’ai pratiqué durant 3 ans puis j’ai arrêté. Je n’ai repris les arts martiaux que quelques années plus tard avec le Kenpôkan, qui était alors le style pionnier du Combat Libre en France.

Qu’est-ce qui te pousse à continuer aujourd’hui ?

- Personnellement, je considère être au début de ma pratique et il me reste encore beaucoup de choses à apprendre, c’est donc tout naturellement que je continue à m’entraîner et je compte faire ça tout au long de ma vie, bien après ma période de compétiteur.

Quelle sont les différentes formes de Combat Libre ?

- Le terme Combat Libre est très vaste et peut englober un grand nombre de pratiques du moment que celles-ci mêlent les percussions à des techniques de préhension. Vu la diversité technique, divers règlements existent, mais au niveau professionnel, on constate une certaine uniformité dans les règlements de combat, catégories de poids, etc. Pour finir, diverses appellations désignent ce type de combats, on parle de Free Fight, Vale Tudo (en brésilien), No Hold Barred, Ultimate Fights, Mixed Martial Arts, etc. mais tous ces termes désignent la même chose. Personnellement, je préfère utiliser le terme de Mixed Martial Art (MMA).

Pourquoi avoir choisi le Vale Tudo ?

- Ce sont les compétitions les plus complètes ! On peut frapper avec les poings, pieds, genoux, coudes, projeter, étrangler ou encore luxer un membre. Ces compétitions sont au carrefour de tous les arts martiaux et sports de combats et rassemblent des combattants issus de divers horizons comme le Kick Boxing, la Lutte, le Judo, etc. Chacun peut utiliser 100 % de ses techniques pour l’emporter alors qu’un Lutteur sera très limité techniquement s’il va combattre en Kick Boxing et vice-versa mais en MMA, on est tous sur un pied d’égalité et c’est bien le combattant qui en connaîtra le plus, le plus complet, qui a le plus de chance de l’emporter.

Que penses-tu de l’UFC (Ultimate Fighting Championship) aux USA ? Souhaites-tu y participer ?

- L’UFC a été la première compétition professionnelle a voir le jour en 1993. L’UFC est, pour moi, la référence en matière de MMA et ce grâce au niveau des participants et à la qualité de l’organisation. En ce qui me concerne, encore quelques combats et j’aurais sûrement l’occasion d’y participer, l’avenir nous le dira.

As-tu eu un modèle qui a inspiré ta pratique ?

- Je n’ai jamais eu de modèles concernant ma pratique, je n’ai jamais voulu être un tel ou un tel mais seulement moi-même. Mais des personnes, comme mon professeur, Patrick Lombardo, m’ont aidé dans mon cheminement.

Ton adversaire gît à tes pieds, le visage ensanglanté ; que ressens-tu ?

- Sur le moment je ne ressens rien de particulier : on est dans un état mental assez spécial pendant un combat... De toute façon cela fait partie du jeu, ce sont des combats de plein contact donc il y a possibilité de blessures. On a choisi de combattre de notre plein gré donc on en accepte aussi les conséquences. Toutefois, le fait de blesser mon adversaire n’est pas un but en soi !

Quel est ton meilleur souvenir sur le ring ?

- Aucun en particulier, je garde un très bon souvenir de tous mes combats, ils m’ont tous apportés quelque chose mais je ne m’attarde pas sur le combat qui vient de se faire, je l’analyse afin de savoir sur quels points je dois travailler et je pense déjà au combat suivant.

Ton adversaire le plus coriace ?

- Il y en a eu plusieurs mais je dirais Jean-François Lenogue que j’ai rencontré par 2 fois en 1999, c’est un combattant très physique, dur au contact.

Ton mouvement préféré ?

- Le combat libre permet une très grande variété de techniques, c’est ce qui le rend si attrayant. Pour ma part, j’adore toutes les distances du combat, donc pour le combat debout je dirais les frappes en crochet avec mes poings, le coup de pieds de face. Pour le sol, je dirais l’étranglement en triangle et la clé de bras "Kimura".

Comment arrives-tu à vivre de ton sport ?

- Malheureusement le MMA n’est pas reconnu par les instances officielles, il est donc impossible d’accéder au statut de haut niveau. C’est assez difficile car mes entraînements ne me permettent pas d’avoir un travail classique. Heureusement, j’ai plusieurs sponsors qui me soutiennent et je travaille aussi comme pigiste pour une revue de sports de combat.

En quoi consiste ton entraînement (boxe, grappling, muscu, cardio, etc.) ?

- Je m’entraîne 6 jours sur 7 à raison de 3 heures en moyenne par jours, réparties en 2 à 3 séances. J’aborde le thème du combat à travers plusieurs séances de Boxe Anglaise, Boxe Thaï, Lutte et Grappling afin de m’améliorer dans chaque secteur. J’effectue bien évidemment plusieurs autres séances au je vais aborder l’aspect MMA avec les techniques spécifiques, etc. S’ajoute encore à cela les séances de musculation, la course à pieds et divers exercices de conditionnement physique. En plus de tout cela, il y a également plusieurs séances de saunas, massages et kinésithérapie afin de faciliter la récupération et être le plus opérationnel possible.

A quoi ressemble la vie d’un combattant professionnel (rythme et hygiène de vie, etc) ?

- J’essaye d’avoir une bonne hygiène de vie tout au long de l’année : je ne fume pas, je ne bois pas d’alcool et j’essaye de me coucher à des heures raisonnables afin d’être opérationnel le lendemain car mon premier entraînement quotidien est vers les 9h00. Je fais aussi attention à ce que je mange et depuis le début de cette saison je suis suivi par Mesdames Véronique Segria et Catherine Derache du Centre de Nutrition de Toulouse afin d’être mieux alimenté durant mes préparations, etc.

A quoi occupes-tu tes journées quand tu te n’entraînes pas ?

- Mes journées sont déjà bien remplies mais lorsque je suis en repos complet j’aime bien passer du temps avec ma petite amie, mes amis, sortir un peu afin de changer d’air, etc.

Peux-tu imaginer ta vie sans le sport ?

- Le sport fait partie intégrante de ma vie et je ne la conçois pas sans ça !

Quel est l’état actuel de la scène française en ce qui concerne le Combat Libre ?

- Le Combat Libre se développe assez bien en France et le nombre de pratiquants augmente sans cesse. Les compétitions, qui existent en France depuis 1992, se développent elles aussi, selon la législation en vigueur, avec des règles moins permissives et dans le cadre amateur. Il manque une seule chose en France : organiser des compétitions de renommée internationale et professionnelles, tous les combattants français qui veulent passer un cap sont obligés de partir combattre à l’étranger et cela est vraiment dommage. Le Combat Libre est officiel au Japon, aux USA (où les débuts furent pourtant très difficiles) et dans la quasi-totalité des pays Européens ; il serait temps que la France s’y mette !

Que réponds-tu aux détracteurs du Combat Libre ?

- Je leurs réponds que le Combat Libre est un sport de combat comme un autre, que nous faisons cela de notre propre chef et que notre choix doit être respecté.

Le milieu du Combat Libre est-il un milieu gangrené par les magouilles (combats truqués, etc) ?

- Je n’ai pas eu connaissance de combats truqués dans notre discipline mais on ne peut pas en exclure l’existence.

Qu’en est-il du dopage dans le milieu des MMA ?

- Comme dans tous les sports de haut niveau, le dopage est aussi présent dans notre discipline et par deux fois des combattants ont été testés positifs aux USA, mais je pense que cela n’est pas une pratique encore très répandue. Aux USA et au Canada, où le M.M.A. est géré par les Commissions Athlétiques tout comme la boxe, la majorité des évènements font l’objet de contrôles anti-dopage très réguliers.

Mike Tyson veut déclare vouloir combattre en Free Fight, ça t’inspire quoi ?

- Tyson a signé récemment un contrat avec le célèbre K-1 japonais et il est prévu qu’il combatte aussi bien en Boxe et Kick Boxing qu’en MMA, et cela devrait se faire d’ici peu. Personnellement, je pense que le fait que Tyson vienne en MMA va permettre à un plus large public de connaître notre sport, je trouve aussi très bien qu’un champion comme Mike Tyson se remette totalement en question en changeant de discipline. Maintenant, il faut voir s’il va arriver à s’imposer dans ce type de combats mais il sera un sacré client, très dangereux !

Dernière question... Le Combat Libre devient de plus en plus un sport de grand spectacle : si, à l’instar d’un acteur, tu devais changer une ou plusieurs choses dans ton apparence physique ?

- Rien de particulier... De toute façon, il faudrait que j’attende de ne plus combattre avant de me faire refaire quoique ce soit !