Interview : Camille Bazbaz

Interview : Camille Bazbaz

Camille Bazbaz est l’auteur, compositeur et interprète qui monte. Son troisième album "Sur le bout de la langue" est un bijou musical et textuel pour les garçons et les filles. Bazbaz a déjà travaillé plusieurs fois pour le Cinéma et il collabore avec de nombreux artistes dont la dernière en
date n’est autre que la délicieuse Sandrine Kiberlain qui lui a écrit une chanson sur mesure "Dans ma nature".
Rencontre avec une valeur sûre, sincère, simple... Une vraie découverte dont on va suivre l’ascension artistique avec attention.

1. Salut Camille Bazbaz, sois le bienvenu sur le Mague. Dis-moi c’est ton vrai nom Bazbaz ?

Oui, c’est mon vrai nom, celui de mon Père. Docteur Bazbaz, ça ne le faisait pas trop d’ailleurs.
Dès la maternelle, c’était l’hilarité générale. C’était la catastrophe surtout que les gens ont du mal à le dire, comme si c’était une erreur de syntaxe ou de rhétorique.

2. Tu as d’abord été musicien, puis tu as écrit et pour terminer tu as chanté... ça s’est fait dans cet ordre-là ?

J’ai dans un premier temps été organiste, puis je suis devenu chanteur, donc j’ai écrit.
Je n’ai jamais fait de poèmes dans ma jeunesse, tout cela est venu assez tard. D’abord j’ai fait de la Musique (clavier) puis j’ai chanté. C’est là seulement que je me suis vraiment mis à l’écriture. J’avais 27 ans.

3. Je trouve que tu écris vachement bien. Ca se fait dans la douleur ?

Je me fais du mal quand j’écris et je prends aussi mon pied parfois. La musique, tu sais, Frédéric, ce n’est jamais une ligne droite, ou une ligne pure, c’est toujours mi-figue mi-raisin.

4. Tu écris vite ou ça met du temps à sortir ?

Parfois j’ai des trucs dans la tronche depuis l’âge 17 ans et puis ça sort en une phrase. Ca prend donc 20 ans à hanter mon esprit et puis une minute de réelle création pour que ça devienne un texte de chanson. Mais c’est toujours naturel. Si c’est trop réfléchi, c’n’est pas bon, faut que ce soit un flow.

5. J’ai lu partout qu’on disait que ce troisième album était celui de la maturité pour toi ? Qu’en penses-tu ?

Je suis auteur, compositeur, arrangeur de mes albums et le jour où je serai mûr, je serai mort.
"Maturité", c’est un grand mot à la con qui veut rien dire pour moi.
Mais, c’est vrai, ça commence à bien me faire marrer de raconter des choses aux gens. Sur cet album y’a des chansons pour les mecs ou les filles.
Les mecs adorent "Crocodile" et "Le professionnel".. le reste c’est pour les gonzesses.

6. Est-ce que tu écris dans une sorte de second degré perpétuel sur l’intime ?

J’aime bien les histoires drôles et tristes à la fois, comme dans les films italiens des années 60. Je suis un pauvre mec complètement largué et je raconte cela dans la plupart de mes chansons. Mais dans la musique, il ne faut jamais faire de pathos. Alors je fais rire et pleurer à la fois, toujours sur la frontière.
Je suis un mauvais poète mais un bon musicien.

7. Tu es un auteur à textes tout de même...

En France on ne parle que du texte, du texte, du texte... moi je dis FUCK OFF. Ce que je fais c’est de la Musique pas de la Littérature, c’est de la Musique, la Mélodie, c’est un langage universel, ancestral, troubadour, les mélodies elles se passent de génération en génération. On ne sait pas d’où elles viennent.
La Mélodie, c’est 50 pour cent de la chanson.

8. On sent que la musique noire américaine t’a beaucoup marqué. Elle est en filigrane dans beaucoup de tes chansons ?

J’ai énormément de respect pour les gens que j’écoute, les morts comme les vivants. Le reggae, la musique noire en général. Y’a toujours de la joie dans la musique noire.
Quel courage de faire des trucs en paillettes en pleine ségrégation. Les blacks ont cette force-là.

9. Tu fais de la musique pour faire passer quel message ?

J’ai des petites antennes incorporées. Mon envie c’est de traduire ce que je ressens en chansons sans ennuyer, sans faire chier. Toute ma technique me sert à être simple. Je n’ai pas envie d’esbroufe. Je suis un grand garçon musical. Tout simple, humble.

9. Sur ton dernier disque, tu ne cries pas, c’est très doux...

Dans le premier album je criais à mort, de A à Z c’était horrible, sur le deuxième je criais un peu moins et sur celui-là je chante. On verra bien ce qui se passera dans le prochain.

10. Pourquoi cet album est-il si formidablement réussi ?

Parce que je l’ai fait avec des gens qui sont bien, une véritable petite famille.

Ce disque c’est un peu de chaleur, un peu de soleil, j’ai pas envie de le décortiquer, de trop l’analyser. Il est fait avant tout fait pour danser, pour battre la mesure. C’est pas la peine d’en faire une psychanalyse à deux balles.
Je raconte des histoires tristes car l’amour c’est compliqué.
J’ai juste voulu faire un truc intime car le monde manque d’intimité.

11. C’est un bel Album de rencontres non ?

Ben oui je rencontre grâce à la Musique des gens que j’ai dû rencontrer dans une autre vie. Sandrine Kiberlain je l’ai connu comme cela c’est évident. Pierre Salvadori et moi sommes certainement sortis de la même matrice, du même con.

12. Ton univers est plein d’images, tu as une culture télé ?

Oui complètement, j’ai appris la musique en ne rien foutant devant la télé et en matant les génériques de série télévisée comme « Amicalement vôtre » par exemple. J’adore ça. J’ai engouffré des conneries pendant 10 ans, c’était sublime.

13. Et puis le Cinéma est arrivé ...

Oui. J’ai toujours fantasmé sur le Cinéma et un jour la connections s’est faite sans que je fasse de démarche particulière. Sans copinage. C’est lui qui est venu vers moi.
Un cinéma sur les dialogues sur l’humanité avec peu de moyens.

14. C’était un fantasme de bosser avec une actrice comme Kiberlain ?

C’est surtout la femme qui m’a touché. Celle que tout le monde attendait au tournant et qui va surprendre par sa sincérité et son talent.

15. Tu as bossé avec Gérard Darmon aussi ?

Oui, ça s’est fait comme cela et ce n’était pas le projet le plus enthousiasmant de ma vie. Je préfère sa fille dont j’ai été très amoureux.

J’avais vachement envie de lui apporter mon expérience à Gérard Darmon mais il a fait son acteur « je suis Darmon et tu es Bazbaz m’a-t-il dit ».
J’ai compris de suite le message et je suis parti la queue entre les jambes.

Par contre avec Sandrine, c’était un vrai travail de musicien, il s’est passé un vrai vrai truc. Bazbaz / Kiberlain c’est une aventure qui va continuer car j’ai besoin de ses textes, j’ai besoin de son talent d’auteur. Et puis j’adore travailler avec les gonzesses.

16. La Musique t’a rendu meilleur avec les autres ?

J’essaye d’être compris, je ne suis plus dans ma bulle comme avant, j’essaye d’être ouvert. C’est important qu’on me comprenne. C’est terminé le « qui m’aime me suive".


Camille Bazbaz et Frédéric Vignale

17. Camille Bazbaz, que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Que ça continue longtemps. Et après je souhaite mourir sur scène. Salut à bientôt Frédéric.

Camille BAZBAZ sur le net

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