Femmes violentes et grand talent

Femmes violentes et grand talent

La galerie les singuliers présente « VIOLENTES FEMMES » Tournée 2005-2006.

Femme : être humain appartenant au sexe capable de concevoir les enfants à partir d’un ovule fécondé, nous dit l’indispensable Petit Robert.
Génitrice, matrice, origine de tout un chacun. « Dieu-maman » comme dit Sollers, qui lui juxtapose la liste non exhaustive : « Isis, Artémis, Aphrodite, Diane, Hécate ! Cybèle ! Déméter ! Mater ! Athéna !... »

Elle est belle, la femme. Marie s’élève dans une nuée d’ange au milieu du froufrou magique de ses voiles, et son visage illuminé de grâce incarne la perfection, la Vertu et l’amour.

On est loin de celle qui, jupe retroussée, défèque sur le toit d’une petite maison tout en nous lançant un regard coquin... Et que dire de l’auteur d’une telle représentation ?
Provocation ?
Même pas.

Dès qu’elle s’exprime librement, la femme choque. Pas moyen d’y couper, même lorsqu’elle offre des images chastes ! Dans les années 3O, Tamara de Lempicka choquait avec ses autoportraits aux cheveux courts, vrombissant au volant d’une décapotable. Folle ! Aujourd’hui, on taxe vite fait bien fait de féministes celles qui veulent montrer la femme telle qu’elle est, ce qui revient à la marginaliser et à délégitimer son discours. Si elles résistent à l’appellation, on leur conseille un psy. Elles ont folles, je vous dis.
Entre temps, on en a vu, des choses, et des nus, et du violent dans tous les sens. L’œil s’est habitué. Pourtant, avec cette exposition « Violentes femmes » qui regroupe cinq femmes peintres, on ne peut s’empêcher de ressentir un petit frisson. Choqués ? Presque. En tous cas mal à l’aise.
Etre femme est un facteur commun au même titre que parler chinois ou avoir les yeux bleus. Presque.
Alors pourquoi tant d’histoire ? L’art a-t-il un sexe ?

Le féminin personnifie chez Jung un aspect de l’inconscient. Selon sa lecture, l’homme qui observe un tableau de femme peut craindre d’être confronté à ses propres tendances psychologiques féminines. Aïe aïe aïe. On comprend son angoisse.
Surtout, ce que dit la femme fait peur parce que c’est encore nouveau. On a beau dire, le sujet n’est pas épuisé, les tabous ne sont pas encore brisés. Il faut aller plus loin.
Dans l’introduction de son livre « Women artists » (Taschen, 2001) qui regroupe la plupart des femmes artistes du XXème siècle, Uta Grosenick annonce : "Les pages qui suivent montrent de manière très impressionnante que "l’art des femmes" n’est pas plus synonyme d’art "féminin" que d’art féministe. Sous l’étiquette "art des femmes" se cachent autant d’approches artistiques et de possibilités d’expression qu’il y a d’artistes".
A comparer les œuvres des cinq artistes de l’exposition, on ne peut précisément qu’être frappé par leurs singularités : figuralisme fantomatique et énigmatique chez Maria Buil, pop art acéré chez Sandrine Enjalbert, réalisme cru pour Anne Van Der Linden, expressionnisme et déstructuration torturée chez Agatha Siecinska, érotisme pathétique et violent chez Estela Torres.
Très différentes dans leur univers plastiques mais aussi dans leur approche du monde, leur point commun réside sans doute dans la profondeur de leur générosité, dans l’ouverture de leur expressivité et dans leur franchise. Elles ne choquent pas parce qu’elles crachent leurs tripes auréolées de sperme sur une toile. Elles sont pertinentes, et donc choquantes, parce qu’elles disent tout simplement ce qu’elles ont au fond, au fin fond d’elles-mêmes, femmes, humaines, corps désirant et angoissé, monticule de chair, nœuds de vie et de souffrance. Et la vierge ressemble à cette Pieta décomposée, macabre et torturée d’Agatha Siecinska.

S’il n’y a pas d’art des femmes, il y a pourtant des sujets typiquement féminins dont seule la femme peut témoigner.
Anne Van Der Linden a peint, par exemple, une toile représentant une femme à la mammographie avec un homme qui profite du fait qu’elle est coincée par le sein pour la prendre par derrière. Elle explique que les hommes ne comprennent pas vraiment cette œuvre même si ça les intéresse : « ils ne connaissent pas l’appareil à mammo et du coup certains disent que c’est "private joke"...là ça devient intéressant, il y a toutes sortes de situations spécifiques à la féminité, des détails de la vie qu’on peut mettre en scène, et très peu évoquées jusque là qui sont comme des terres à découvrir. Quant au "private joke" si la toile est forte tout le monde peut la recevoir, même en l’interprétant de manière erronée. Ces interprétations-là sont bien souvent intéressantes pour moi...du coup on peut dire que les histoires de femmes sont un moteur en l’occurrence, et le résultat, l’oeuvre en soi est disons "hermaphrodite". »

De plus, la femme n’est pas femme tout le temps. Anne Van der Linden le rappelle bien : « Je suis d’accord avec Foucault qui pense qu’on est femme de temps en temps...je ne suis pas particulièrement femelle quand je regarde un paysage ...je le suis dans certaines situations précises surtout ayant trait aux fonctions du corps .et en peinture c’est pareil, par moment c’est des histoires de femmes et par moments c’est neutre ... »
Femelle traquée quand elle est s’expose : « et ma foufoune, tu l’as vue, dis ? ou bien : va donc voir la dedans si j’y suis... » semblent nous dire ces femmes d’Estela Torres, jambes par-dessus tête sur un fauteuil de médecin.
Etre humain quand elle s’indigne : Agatha Siecinska exprime sa révolte face à des drames comme le meurtre de la petite Sohane, brûlée vive pour s’être refusée à un homme.

Cette exposition est bien plus qu’une histoire de femmes...et les hommes spectateurs ne seront pas des voyeurs.

Informations pratiques :

Du 25 février au 27 mars 2005
Tours
Château de Tours
25, av. andré Malraux
37000 Tours

Du 1er au 16 juillet 2005
New-York
Abraham Levine Gallery
en collaboration avec le New-York Arts magazine

Septembre 2005
Lyon
galerie le Bal des Ardents

Début 2006
Varsovie Budapest Prague

2006
Galeria Alternativa once
Monterrey - Mexique

Renseignements et catalogue de l’exposition :
Galerie Les Singuliers
lessinguliers@aol.com
tel 01 42 89 58 38

Informations pratiques :

Du 25 février au 27 mars 2005
Tours
Château de Tours
25, av. andré Malraux
37000 Tours

Du 1er au 16 juillet 2005
New-York
Abraham Levine Gallery
en collaboration avec le New-York Arts magazine

Septembre 2005
Lyon
galerie le Bal des Ardents

Début 2006
Varsovie Budapest Prague

2006
Galeria Alternativa once
Monterrey - Mexique

Renseignements et catalogue de l’exposition :
Galerie Les Singuliers
lessinguliers@aol.com
tel 01 42 89 58 38