L’homme de télévision, qui doit se sentir bien seul dans ses combats depuis la mort d’Haroun Tazieff et du Commandant Cousteau n’a, en fait, rédigé que la préface introductive et la conclusion de Combien de catastrophes avant d’agir ? (Seuil, 14 euros) mais l’important est bien que le message passe auprès du plus grand nombre car il y a urgence à réagir et à agir.

Le livre est en réalité un ouvrage collectif rédigé surtout par le Comité de Veille Ecologique et sous la superbe couverture pleine de signifiés en référence à la tragédie de l’Erika, réalisée par François Supiot, on se plonge dans un ouvrage bien documenté et utile qui se lit sans déplaisir, qui nous alerte, nous informe et anticipe sur les dangers à venir.
La sortie du livre est opportuniste dans le sens où cet écrit a été construit et édité précisément pour les échéances électorales, pour qu’au delà des contingences idéologiques, on se pose les vraies questions concernant les catastrophes écologiques que la planète subira de plein fouet dans un avenir proche.
Rédigées sobrement avec des mots simples et efficaces, les 190 pages de cette compilation de textes pertinents pourront être lues par un large public de non-initiés et par les hommes politiques, du moins peut-on l’espérer.
Ce « livre manifeste » fait le point, pose les problèmes dans un essai fait de passions et de convictions. Nicolas Hulot le militant recentre, avec véhémence, sans démagogie, et de manière claire le débat en commençant par parler de la nouvelle donne de politique mondiale. Il ne voudrait pas que les attentats du 11 septembre 2001 à New York et la lutte contre le seul terrorisme éludent d’autres combats aussi judicieux comme ceux pour une vie meilleure dans une terre préservée de la main destructrice de l’homme. Hulot ne veut pas jouer les prophètes de mauvais augure mais il nous met en face d’une réalité préoccupante ; sans une vigilance accrue, le monde va droit à sa perte et sans une prise de conscience internationale, nous allons vers un processus d’autodestruction très inquiétant.

Quelles sont les menaces qui nous guettent ? Dans un premier temps on peut évoquer la plus cruciale des préoccupations : l’eau. La pollution des océans et la raréfaction de l’eau potable vont sans nul doute être des enjeux majeurs dans les prochaines années, tout y est analysé, disséqué, chiffré par les spécialistes qui s’expriment dans le livre et c’est vrai qu’être mis en face de ces réalités change notre vision de l’écologie, nous fait passer outre les querelles de partis et nous met en face d’une cause qui doit être au-dessus de toutes les autres priorités : l’érosion, les transports, l’agriculture, l’environnement, la santé, le réchauffement climatiques, l’éducation des jeunes et moins jeunes à l’environnement.
Les doléances de Monsieur Hulot et de ses amis sont justes, belles et tragiques, ce cahier didactique mais pas ennuyeux, sans aucune recherche formelle inutile est un excellent outil concis et convainquant qui nous interpelle et nous rend plus adultes devant des phénomènes que l’on croit connaître mais dont, il faut bien l’avouer, on ignore tout.

C’est donc la sincérité et le sérieux des propos qui priment tout au long de ce manifeste éditorial qui a trouvé un ton juste et jamais alarmiste. La liste des catastrophes planétaires et de leurs victimes pour les prochaines années serait trop longue à faire alors autant militer de suite avec force et sans détour. Ce livre nous aide à sauter le pas vers un nouvelle conscience de nous-mêmes, acteurs responsables des dégradations de demain qui avons le pouvoir de renverser le cours du destin.

Combien de catastrophes avant d’agir, Nicolas Hulot et le Comité de Veille Ecologique, Seuil, 2002, 14 euros