Interview : les mauvaises langues

Interview : les mauvaises langues

Le succès vient à qui sait attendre, suite à de nombreux concerts et à deux premiers disques enchanteurs et encensés par le public et la critique, voici donc les Mauvaises Langues de retour pour « Peut être un Jour » album beaucoup plus rock et explosif que les deux précédents qui annonce des journées glorieuses et des victoire à la pelle. Ils les ont donc bien pendue leur langue et c’est un plaisir de les écouter, comme jamais, l’agiter sur les planches ou en disque.

En voyant les chiffres de vente du Viagra est-ce que l’amour est vraiment plus facile à faire qu’à dire comme vous le prétendez ?

Les Mauvaises Langues : « A notre âge nous sommes encore dans la tranche de population où c’est plus facile à dire qu’à faire mais il faut bien dire qu’on en parle pas mal aussi (rire).

Avec ce nouvel opus on peut penser que vous êtes passés du statut de groupe de chanson française à celui de groupe de rock français ?

Les Mauvaises Langues : « Nous avons encore l’impression de faire de la chanson dans la démarche. On privilégie encore le texte, la mélodie et l’harmonie du tout sans chercher à faire du bruit. La plupart du temps nos chansons sont écrites soit à la guitare, soit au piano, mais c’est vrai qu’ avec « Peut être un Jour » nous avons pris un virage disons un peu plus électrique et énergique. »

Vous avez voulu enregistrer votre album en Belgique, y avait-il une raison particulière ?

Les Mauvaises Langues : « On avait envie de prendre l’air afin de s’immerger complètement dans l’ambiance de l’album. C’est aussi la rencontre avec Gilles Martin notre réalisateur qui est de Bruxelles, qui nous a permis d’enregistrer dans des conditions idéales en nous proposant le studio de l’ingénieur du son d’Arno. Cela nous a permis d’être un peu loin de chez nous sans être à l’autre bout du monde. »

D’ailleurs c’est la première fois que vous faites appel à un producteur extérieur au groupe ?

Les Mauvaises Langues : « Gilles est un vrai et bon réalisateur : à la fois professionnellement et humainement. Ce ne fut que du bonheur. Son arrivée sur ce nouveau projet de chanson fut assez fondamental car le studio a toujours été un univers où nous n’étions pas forcément à l’aise. Au bout d’une dizaine de prises nous n’arrivions plus par le passé à avoir un regard global objectif sur notre travail et sa présence nous a permis de nous concentrer sur notre musique en lui laissant les clefs de la phase d’enregistrement. On lui avait donné comme cahier des charges de conserver l’énergie du groupe live et d’arriver à la remettre sur le disque. Il a vraiment tout fait pour que nous puissions donner à l’instant précis de la captation le meilleur de nous même. »

Pour vous avoir vu au Musée de la Vie Rurale de Steenwerck dans une grange, vos nouvelles chansons passaient super bien auprès du public, cela vous a conforté ou fait encore plus peur pour l’enregistrement ?

Les Mauvaises Langues : « Nous avions tourné 4 ou 5 titres sur scène avant l’entrée en studio par envie de changer pour ne pas tomber dans la routine plutôt que pour tester à l’avance les titres auprès des gens. Nous avons à peu près pris un an pour la pré-production, bien sur il y en a beaucoup qui sont partis à la poubelle mais ceux que nous voulions garder étaient déjà bien aboutis. Gilles Martin n’a pas eu à se focaliser sur les arrangements ou la structure des titres mais plus sur le dynamisme et l’émotion dégagés. »

Partez vous souvent en week-end d’amoureux à la Hague comme le couple de l’une de vos nouvelles chansons ?

Les Mauvaises Langues : « Ce titre vient d’une expérience personnelle de Philippe notre chanteur qui était parti dans le cotentin pour se balader, et pour se retrouver, au détour d’un paysage magnifique devant cette horreur d’usine avec une sensation de dégoût. La chanson est partie de là. »

On sent un engagement citoyen dans vos chansons ?

Les Mauvaises Langues : « Nous ne sommes pas des militants, nous essayons d’aborder les choses à notre manière en se posant les mêmes questions que tout le monde dans la vie, il faut éviter la solution « premier degré » : dénoncer à la mode des donneurs de leçon, mais plutôt de passer par un biais particulier non moralisateur. »

Vos textes sont moins pudiques que par le passé mais les chansons sont plus intimes, on parle plus de couples ?

Les Mauvaises Langues : « Au bout de 3 albums on s’aperçoit qu’on a finalement écrit pas mal de chansons, autant au début on a tendance à être légèrement réservé mais au fur à mesure, à force d’avoir livré sur scène nos compositions, d’en avoir eu un retour positif, on devient moins froussard. On ose ! même sur certains arrangements comme « La Cloche » où nous avons pris un schéma non habituel. La chanson « Peut être un Jour » est effectivement plus brute dans notre façon d’écrire. »

Vous déménagez aussi du pré carré estampillé Nord Pas de Calais ?

Les Mauvaises Langues : « On se considère comme un groupe français en premier lieux. Nous n’avons aucune honte de venir de Lille, bien au contraire, on le revendique même mais on ne milite pas dans un sens régionaliste. De toute façon nous n’essayons pas de parler en flamand ou en chti dans le but d’être compris aussi bien à Béthune qu’à Nice ou Toulouse. »

Cependant vous terminez l’album par une superbe balade sur la cote d’Opale avec une ghost track juste derrière ?

Les Mauvaises Langues : « C’est une chanson que nous avions enregistrée sans savoir si elle figurerait sur l’album, on a trouvé sympa de l’insérer de manière fantôme. »

Vous gardez des liens très forts avec la région notamment avec le Splendid ?

Les Mauvaises Langues : « C’est notre base. C’est Vérone ! C’est là où l’on répète, c’est notre deuxième maison. C’est l’aventure du label qui est très mêlée à l’aventure du groupe depuis 1999. »

Qu’est-ce qui va se passer avec votre date le 04 mars dans cette salle pour présenter votre nouvel opus ?

Les Mauvaises Langues : « Il y aura effectivement quelques petites surprises. La date du Splendid va être la date de démarrage de tout ce qui va suivre pour nous, on le vit vraiment comme un moment de préparation, de travail du répertoire avec l’intégration des nouveaux titres afin de partir en tournée pendant à peu près deux ans. On réfléchi aussi pas mal au travail sur la lumière, mais c’est certain que Jeff Kino par exemple viendra pousser la voix sur scène avec nous. »

Pour un groupe qui n’est pas hyper médiatisé vous avez par contre plusieurs sites internet faits par des fans ?

Les Mauvaises Langues : « C’est très étonnant que des gens puissent passer des heures et des heures à la réalisation d’un site nous concernant et cela nous touche beaucoup. »

Peut-être est-ce dû au fait que vous avez un rapport particulier avec votre public ?

Les Mauvaises Langues : « Il n’y a pas un concert où nous ne sommes pas allés voir le public après. On essaye d’échanger avec eux, c’est devenu maintenant systématique et cela nous manquerait de ne pas pouvoir le faire. Ca développe une proximité qui nous est chère. Ce qui nous a le plus étonné c’était de voir des gens prendre leurs vacances en fonction de nos dates pour ne pas louper un rendez vous des Mauvaises Langues sur scène. »

Il y a une vraie montée en puissance du groupe depuis ‘250 000 heures de Vol et des Bricoles’ votre première maquette » ?

Les Mauvaises Langues : « Avec ce nouvel album nous avons tenté d’avoir le plus d’ambitions possible en mettant le maximum d’atouts dans notre jeu. On s’est permis de mettre nos appétits dans les mains de personnes qui « savaient faire » ! Gilles Martin en fut l’exemple parfait, le travail sur la pochette également montre l’apport professionnel de nos collaborations extérieures à nous 6. C’est l’expérience qui fait qu’à un moment il faut laisser les choses à ceux qui savent faire. »

Justement, d’où vous ai venue cette idée pour le visuel particulier de la pochette ?

Les Mauvaises Langues : « C’est l’Atelier Télescopique qui commence à avoir une bonne côte qui nous a proposé d’aller nous photographier dans un estaminet à côté de Mouscron en ramenant chacun des petits trucs qui nous sont chers. Il s’avère qu’on retrouve 2 ou 3 disques d’AC-DC par exemple (rire). »

Il n’y en a qu’un d’entre vous qui ne s’est pas dégonflé en se mettant nu ?

Les Mauvaises Langues : « Ce n’est pas du montage ! il l’a vraiment fait ! »

Avez-vous fini par être écœurés par les reprises au point de ne plus en mettre dans votre nouvel album ?

Les Mauvaises Langues : « Le problème c’est que les reprises sont le fond de commerce de la télé réalité, nous sommes considérablement plus fier de chanter nos propres chansons. Pour faire une reprise il faut vraiment créer un truc génial. C’est inutile de faire un plagiat beaucoup moins bien que l’original ou alors une chanson qui dénature l’œuvre. Mais sur scène c’est dans l’air. »

Vous chantez « Les coups » j’aurais aimé savoir lequel vous avez pris et qui vous a allongé pour longtemps et celui mis qui vous a vraiment fait plaisir ?

Les Mauvaises Langues : « En fait on a plutôt eu de la chance au point de ne pas en avoir reçu de violents et au point d’en avoir à donner à quelqu’un particulièrement. On va faire les gentils garçons mais nous avons été relativement protégés des mauvais plans. En 7 ans de vie commune on peut dire que l’on en retient quasiment que du positif. L’effet de groupe fait que même en situation de galère on part en rigolade. »

Existe-t’il encore des mauvaises langues qui vous prédisent l’échec de votre groupe ?

Les Mauvaises Langues : « Il y en a tous les jours !(rire) Plus ça marche moins on t’aime (rire). »