"L’écriture commence où finit la psychanalyse"

"L'écriture commence où finit la psychanalyse"

Où l’auteur feint de s’adresser au lecteur

"La parole est un parasite. La parole est un placage.La parole est la forme de cancer dont l’être humain est affligé. Pourquoi est-ce qu’un homme dit normal ne s’en aperçoit pas ? Il y en a qui vont jusqu’à le sentir (…)." Jacques LACAN, Séminaire du 17 février 1976.

"Wenn wir wenigstens bei uns oder bei unsergleichen eine dem Dichten irgendwie verwandte Tätigkeit auffinden könnten !" (Si seulement nous pouvions découvrir en nous ou chez nos pareils une activité un tant soit peu apparentée à la poésie !). Freud, Der Dichter und das Phantasieren, G.W. VII, p. 213.

Il serait légitime que certains de mes lecteurs, au moins ceux qui connaissent ou ont entendu parler de mes travaux psychanalytiques, se demandent pourquoi j’éprouve le besoin d’écrire et de publier un texte qui relève du domaine de la pure littérature plutôt que de celui des essais. Qui plus est, un texte apparemment si autobiographique, si confidentiel, si scandaleusement révélateur !

Bien que nous sachions tous que le narrateur d’un récit n’est jamais qu’un masque qui, certes, cache son auteur, mais qui ne lui colle pas pour autant au visage comme le ferait un moule, nous nous défaisons difficilement de l’illusion commune qui nous fait penser que la vérité se trouve derrière le voile qui lui donne un habit.

L’expérience psychanalytique démontre pourtant que la vérité elle-même a "structure de fiction", comme le disait Jacques LACAN, et que le voile qui la revêt, loin de la dissimuler, fait en réalité apparaître sa nature de semblant.

Le masque du narrateur est donc un leurre dont le statut de fiction importe plus que la réalité cachée à laquelle il semble faire croire. Enlevez ce masque, il n’est pas sûr que vous verrez apparaître l’auteur mis à nu. L’auteur, "mis à nu par ses lecteurs mêmes", pourrait bien se tenir ailleurs que là où on l’attendait. Et derrière le voile arraché, le lecteur pris au piège chercherait en vain une présence qui est partout dans le texte sauf à la place où elle est désignée par la convention du récit.

La question - pourquoi ce texte ? - reste cependant pertinente puisque je me la pose moi aussi. Je me la pose mais j’avoue n’être pas sûr ni qu’elle puisse trouver une réponse satisfaisante, ni même que je veuille vraiment découvrir celle-ci, au cas où elle existerait. D’où l’intérêt, pour moi, de cette postface, moment de vérité ou, du moins, essai de situer la vérité à l’œuvre dans cet étrange récit et dans la division à laquelle il me confronte : psychanalyste et/ou écrivain.

FLAC trouve son origine, en premier lieu, dans une passion de l’écriture qui m’occupe depuis longtemps. Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours voulu écrire et j’ai toujours écrit ou, du moins, tenté de le faire. A deux ans et demi, je couvrais des pages de cahiers d’écolier de bâtonnets et de signes, et j’exigeais ensuite de ma mère qu’elle me lise ce que j’avais écrit. Premier stade de l’écrit - peut-être le plus véridique - où celui-ci n’existe que par la voix de l’Autre qui en authentifie le chiffrage (...)

le Livre Flac de Serge André qui publie une partie de cette postace est édité aux éditions Que.
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