Interview : la députée européenne Marie Anne Isler Béguin

Interview : la députée européenne Marie Anne Isler Béguin

Marie Anne Isler Béguin, c’est d’abord des prénoms et des patronymes accolés qui font un nom à rallonge, mais c’est surtout une idée simple et précieuse en Politique : Agir pour l’Ecologie avec force et conviction.
Cette géographe de la famille politique des Verts, issue du monde associatif écolo, milite depuis plus de trente ans pour l’environnement et contre les dérives qui polluent notre belle planète. Rencontre en bleu et vert autour d’une femme très active pour qui la défense de la Terre est un sacerdoce, une hygiène de vie.
Entretien avec une spécialiste, passionnée, du busard cendré.

1. Mais qui êtes-vous donc pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, Marie Anne Isler Béguin ?

Je suis présidente de la délégation du Caucase du Sud au Parlement européen - rire- Je vous donne ce titre pour vous faire comprendre que l’on peut faire des choses extraordinaires sans que personne n’en sache rien ; et ce n’est pas faute d’essayer de se faire connaître . Je suis écologiste et je fais partie des fondateurs des Verts. Mais en fait je suis une activiste avant de sombrer dans la politique, qui me prend à temps plein, je militais dans les associations de protection de la nature, antinucléaire et pour les droits de la personne humaine (je préfère cette expression au féminin que les droits de l’homme qui oublient souvent la femme).

Mais ma passion pour sauver la planète, soyons ambitieux, il y a urgence !- est partie de la découverte d’un oiseau magique, le plus gracile de tous le busard cendré. Il représente à lui seul ce que la nature a inventé de plus beau de plus agile, de plus rusé pour déjouer par exemple les intrus qui s’approcheraient un peu trop près de son nid ; les plus belles des inventions humaines ne souffrent pas la comparaison.

2. En quoi êtes-vous différente ou meilleure que Daniel Cohn-Bendit, Noël Mammère ou Dominique Voynet ?

Pourquoi toujours comparer les gens, alors que nous sommes pour la préservation de la diversité....
Si vous insistez, je suis la seule à avoir les yeux verts.
J’ai été la plus jeune vice-présidente du Parlement européen en 1991 sans la moindre expérience d’élue.
Je n’ai pas pour habitude de taper publiquement contre mon camp !

3. On dit toujours que la planète va mal et les spécialistes sont très alarmistes. Quelles sont les grandes priorités pour sauver le monde, à part fuir en soucoupe volante ?

Même cette solution n’existe pas, sinon les prédateurs de la planète auraient déjà réservé un aller simple. La situation est alarmante c’est la cata devant la quasi-indifférence générale et les agitations politiques sans lendemain.

4. On a toujours l’impression que les Verts sont contre le progrès et la libre entreprise, or les nouvelles technologies sont des outils de démocratisation et chez les patrons il y a surtout des petits et des moyens qui galèrent à côté des gros qui s’engraissent, non ?

Qu’est ce que le progrès ? Faire confiance à une technologie qui a certes amené du bien être, mais aujourd’hui il faut chercher les causes du mal-être. Soigner mieux c’est un progrès incontestable, mais il est urgent de réduire les causes des maladies. On sait que notre environnement archi-pollué entraîne l’augmentation des cancers, et que fait-on pour y remédier ?
Par ailleurs, j’ai toujours soutenu les PME-PMI.

Un coiffeur, un boulanger ou un plombier ne se délocalise pas. C’est eux qu’il faut aider au lieu d’offrir des ponts d’or aux grosses entreprises chasseuses de primes et qui, une fois la source financière tarie, se délocalisent vers d’autres eldorados à la recherche de nouvelles subventions et où le prix du travail est le plus bas.

5. Pourquoi vous lancer aujourd’hui de manière si active sur le web... Pour économiser du papier ?

Clairement oui ! J’ai décidé d’utiliser à fond la toile. Je rêve d’une prochaine campagne électorale des Verts totalement écolo, sans gaspillage, sans papier, sans déplacements inutiles... assise simplement derrière une web-cam à répondre en direct aux citoyens.

6. Si vous deviez expliquer vos combats de la manière la plus accessible possible - aux enfants par exemple - quels mots forts emploieriez-vous ?

Etre pédagogue ou conteur n’est pas donné à tout le monde. J’essaie de m’adapter au public auquel je m’adresse. Dans le monde de la communication d’aujourd’hui, c’est vraiment difficile de faire passer nos messages car il ne sont pas très joyeux, la crise écolo n’a rien de drôle ! Mais je suis persuadée que c’est par l’image que nous réussirons à intéresser en particulier la jeunesse aux questions de société. Un clip vidéo ou un dessin animé passant sur le web accrochera mieux que n’importe quel slogan.

7. Vous faites de la résistance au Conseil municipal de Metz avec la grande minorité de Gauche ; comment va cette ville à vos yeux ?

Telle la belle au bois dormant, cette ville est endormie et attend d’être réveillée. On y arrivera, il ne faut pas désespérer, Metz !

8. L’avenir de MAIB s’inscrit donc complètement en vert, cette couleur de l’espoir ou bien vous verra-t-on muter vers d’autres horizons pour le futur ?

Seule l’écologie pourra apporter des solutions efficaces aux problèmes planétaires dont dépend la survie de notre espèce. Les dinosaures ont disparu, il ne s’agirait pas de se trouver sur la liste des espèces en voie d’extinction . C’est une hypothèse qui n’est pas à exclure car les hommes, ces êtres dotés d’une intelligence extraordinaires, seraient la première espèce à s’être auto-détruite .

D’ailleurs le scénario est déjà lancé, où que l’on aille dans le monde, la planète est malmenée, entraînant pour les plus démunis, pauvreté, misère et souffrance, c’est insupportable. On ne met pas un mouchoir sur sa conscience.

Alors un espoir en vert pour la grande bleue, ce n’est pas de trop.