Interview : Ariel Wizman

Interview : Ariel Wizman

Depuis quelques semaines les mots clefs "Ariel Wizman" "Ariel", "Wizman" "Ariel+Wizman", "Wizman peer to peer", "Ariel Canal +", "Ariel P2P", "Wizman+ messages", "Ariel Wizman + virus" se sont trouvés anormalement en tête des recherches yahoo, google, voila, altavista et compagnie.
Voilà un joyeux et bon prétexte pour aller e-terviewer directement dans sa boîte quelqu’un qu’on aime bien au Mague, sur des sujets qui intéressent notre curiosité intellectuelle...
Entretien.

1. Bonjour Ariel Wizman, je suis ravi de vous avoir sur le Mague car on n’a jamais autant parlé de vous sur Internet que ces dernières semaines.
Certains Internautes ont très mal pris votre participation au message à prétention pédagogique envoyé directement sur les services d’échanges de fichiers peer-to-peer ? Cette défense du droit d’auteur a été considérée comme une sorte de trahison.

Je n’ai pas plus d’avis sur le droit d’auteur que sur
la présence du christ dans l’hostie.
Je me suis fait endormir et j’ai fait ce truc dans une
autre dimension cosmique, les yeux fermés, comme un
blaireau sollicité pour un oui pour un non, et qui met
pas toujours assez de mecs à la douane. Je ne crois
pas que celà soit si grave.

2. A ce moment-là, on a pu lire des choses très
haineuses à votre encontre, une vraie violence verbale de gens qui du coup ne vous trouvent plus sympathique ni dandy mais passé à l’ennemi.
Comprenez-vous cet affreux quiproquo ? Est-ce que vous vous attendiez à cette violence ?

Je ne pense pas que les gens qui ont écrit ce genre
de "texte" soient des gens trés brillants. Sans
vouloir me dévaloriser, je pense que quelqu’un qui me
consacre ses élans de plume est quelqu’un qui
considère l’écriture comme un tout-à-l’égout. Je
préfère faire de la télé que d’expectorer du
gloubi-boulga bourré. Veux-tu me dire si beaucoup de
textes issus de ces blogues concernent des idées et
non des gens avec qui l’on croit régler des comptes
(en général pour attirer leur attention) ?

Tout le monde n’est pas Leon Bloy (heureusement), ni Angelo
Rinaldi. Si tu fais le calcul, ça n’a pas fait
beaucoup de monde, ce qui n’est pas un argument, mais
surtout ça ne laissera pas un souvenir immortel aux
gens qui lisent autre chose que les merdes qui sortent
en librairie depuis quelques années. Je n’avais pas
beaucoup de respect pour ceux qui cherchaient à
accrocher les critiques et les jurys de prix, j’en ai
encore moins pour ceux qui cherchent à accrocher
Google (qui est un moteur de recherche hit-parade).
Beaucoup de ces textes, qu’ils me concernent ou qu’ils
concernent d’autres, ont un ressort profond qui est
simple : c’est "pourquoi c’est lui et pas moi ?"...en
général, la réponse est dans le texte qui suit. Il y a
des bons blogues, mais ils traitent d’idées, de
voyages, de religion, de science, de philosophie...pas
d’Ardisson, de Dj Trucmuche et de Wizman !

3. Est-ce parce que le message médiatique de votre
participation à cette opération n’était pas assez clair ? Regrettez-vous de vous être exposé ainsi ?

Comme les femmes coquines regrettent de suciter la
concupiscence, je regrette de suciter la médisance qui
est un grave péché.

4. Vous êtes un des rares animateurs de la télévision à pouvoir à peu près tout faire, du grand guignol, du premier, du second et du quinzième degré.
Vous avez la capacité de présenter un débat politique, une émission littéraire ou alors un jeu. Est-ce parce que vous
êtes trop insaisissable, prolixe et doué que cela énerve autant le bien-pensant ?

Je ne sais pas si tout ça est vrai. Ce que je sais
c’est que je considère mon activité comme agréable,
inoffensive, inégale, ludique. Et qu’elle me dégage de
certaines inélégances du monde matériel pour
lesquelles je ne suis pas trés doué. Je crois que je
mérite à ce titre d’être jalousé. Je suis un mec de
bonne humeur qui ne se réveille pas avec l’envie de
baver sur Beigbeder ou Zeller ou BHL ou Thierry
Théolier ou Annie Cordy. J’ai juste envie de rire
beaucoup pour divertir mon pessimisme et d’être
éclairé par des présences radieuses et energiques.

5. Vous êtes depuis quelques temps la victime d’attaques régulières de la part de l’écrivain/ réalisateur Yann Moix qui, se sentant depuis toujours rejeté par les branchés et vous considérant comme le symbole de cette branchitude parisienne n’en peut plus d’écrire et de diffuser des horreurs sur votre compte. Comment vit-on ce type d’acharnement ?

Je m’en bas les steaks. Je m’interèsse aux idées
avant les gens. Je n’ai rien contre ce garçon. Il n’a
commis aucun crime.

5 b. Remarquez, il parait certain que lorsqu’on est séduit, comme vous, par le travail d’Emmanuel Levinas, on reste davantage sourd à la propension philosophique
moixienne.

Je n’ai jamais lu de livre de Yann Moix.

6. Nova papier s’interrompt, Technikart ne va guère
bien, on dirait que les média Tendances parisiens vivent la fin d’une belle époque glorieuse ? Comment expliquez-vous cela ? La "Hype" est morte ?

Le mot "Hype" pue la crevardise. Le révolté
squatteur de cocktail qui fait des photos avec son
numérique en se tachant au vin rouge, et qui commence
toutes ses phrases par "La société du spectacle",
c’est un coup qui a quand même légèrement du plomb
dans l’aile.

Branché pour moi, ça a toujours voulu
dire curieux, esthète, avec une culture préhensile,
détaché aux avant-postes sans en faire des caisses,
humain, et energétique. S’il en reste, je ne crois
pas, qu’ils prennent un grand plaisir à lire des
ragots débiles sur des dj’s d’electro, ni qu’ils aient
envie qu’on leur explique qu’il reste des vrais punks
à la Butte aux Cailles. D’aprés ce que je sais, tous
les gens qui participent à ces blogo-gazettes sont des
rejetés de sciences-po, qui n’ont pas assez voyagé et
baisent peu.

7. Les mauvaises langues disent que Stéphane Bern est un faux gentil et Stéphane Guillon, un faux méchant, est-ce que c’est dans ce sens-là qu’il faut envisager vos deux complices de Canal Plus ?

Tu veux pas non plus que je te décrive la cantine de
Canal+ ou que je t’explique comment on fabrique une
marionnette des Guignols ?

8. Est-ce que l’agitation parisienne, les règlements de compte de la télévision, de la presse et de la littérature ne vous donnent pas envie parfois de prendre du recul et d’aller écrire un grand Essai ou un bon roman dans une retraite champêtre à la campagne ?

Les écrivains d’aujourd’hui n’écrivent pas pour
faire avancer la pensée, mais pour être connus. Or
moi, merci, je le suis déja (c’était pas franchement
mon but et c’est pas toujours génial, mais bon). Je
viens d’un contexte religieux pour lequel l’écrit est
sacré, "la vie et la mort sont au pouvoir de la
langue". Utiliser un quelconque talent littéraire à
faire du boniment fictionnel, ou narcissique, ou
médisant "ad hominem", c’est se rendre coupable de
mettre du désordre dans les valeurs. Il faut tenter de
s’approcher de la vérité ou apprendre. Pour le reste,
il faut gagner sa vie et fermer sa gueule autant que
possible.

9. Edouard Baer ou Julien Baer ?

Edouard. Mais j’aime beaucoup le dernier Julien (NDLR : Notre dame des limites).

10. Par quoi voulez-vous terminer cette E-terview cher Ariel ?

Je voudrais dire au gens intelligents qui font des
blogues utiles en ce moment (ex :
http://michel.p.roland.free.fr) : "Merci de m’ignorer.
Les hommes de demain vous en seront reconnaissants".

Ariel Wizman fait une apparition dans le film "Iznogoud" de Patrick Braoudé avec Michaël Youn.
Wizmax, le best of REMIX réalisé sur le net
WIZMAN remixé by Michaël BORRAS aka SYSTAIME.com

Ariel Wizman fait une apparition dans le film "Iznogoud" de Patrick Braoudé avec Michaël Youn.
Wizmax, le best of REMIX réalisé sur le net
WIZMAN remixé by Michaël BORRAS aka SYSTAIME.com