Bienvenue au Club de Kent !

Bienvenue au Club de Kent !

Ce qui est charmant chez Kent c’est cette impression de désuétude populaire du bistrot du commerce qui reviendrait en force, lustré, soigné et pleins de textes pointus sans jugements hâtifs sur la société, bien au contraire c’est dans l’analyse de nos cultures, de nos faits et gestes qu’il regagne un goût rock et incisif. Une deuxième adolescence jouissive.

En artisan de la chanson française, ce bachi-bouzouk de Cockenstock avec son « Bienvenue au Club » retrouve ces petites gens qu’il chante si bien. 14 titres plus pointus dans l’agressif que « Cyclone » et moins dérivant que son mini-album électronique « Métropolitan ». Avec derrière la guitare électrique du chanteur, la France d’en bas qui réfléchi et qui n’est pas uniquement une chèvre à la variété.

Dénonçant la superficialité de nos existences, Kent continue de dessiner ses petites saynètes des vies de Charlie, ces histoires où l’on en chie mais où l’on rie beaucoup aussi, un endroit où l’on prend des vessies pour des lanternes. Après le passage acoustique et la tournée de « Je ne Suis qu’Une Chanson » où Kent prenait le pari de retrouver son côté poulbot des caniveaux, il s’accompagne cette fois de la jeune génération (Mickey 3D, La Grande Sophie, M et d’autres) pour croquer un côté perdu de sa personnalité.

Mi balade, mi crachat à la gueule du fade, Kent drague notre envie de plaisir, même s’il chante « Le Bonheur Ne Me Rend Pas Heureux » ou d’autres titres qui sont à la limite punk et revendicateur d’un retour au source de Starshooter, ce sont deux titres apaisés qui font de cet album un sacré bon album : « Mégalopolis » chanson jouée et chantée d’une manière tendre en acoustique ainsi qu’« Une Chose » où l’amour est une pause stylisée en cœur prêt à exploser.

« Beautés Fatales » avec ses chœurs et gimmick pompiers sortis de la patte de Matthieu Chedid explorent un nouvel arpent de Kent. Les Playback Boys, ces fondus du son vintage ont donc servi de ciment à ces nombreuses collaborations pour la réalisation et la mise en offrande de ce plat riche et consistant.

Sans oublier Romain Didier qui enlumine la voix chaleureuse de Kent dans une guirlande rock et agressive. Pour connaître (un peu) ce personnage haut eu couleur toujours en train de souffler l’espoir et ne jamais sombrer dans le désespoir (« même si tu n’attends plus rien, mourir te va mal, la vie te va bien... ») quant tant de chanteurs commercialisent leur bourdon (Mano-Solo) ou se font rattraper par la société (Renaud) Kent persiste à jouer en cavalier seul sur la ligne de démarcation pour les enfants de prolo que nous sommes tous. Voici donc le retour d’un vrai gentil pour qui j’ai beaucoup de tendresse. Le Jean-Paul Dubois de la musique esquisse une vie française de citoyen du monde.

En espérant que cette chronique vous aille droit au cœur comme cet album qui mérite d’être un succès. D’ailleurs comme il le dit lui même « maintenant ce disque est ouvert à tous ». Le terrain de jeu est prêt pour une excursion en concert prochainement !

KENT, Bienvenue Au Club, Az

KENT, Bienvenue Au Club, Az