Tous en voiture pour sauver la bibliothécaire de chez Renault !

Tous en voiture pour sauver la bibliothécaire de chez Renault !

Une bibliothécaire de l’usine Renault du Mans vient de se faire lourder en beauté. Pas par le groupe en lui-même, par le Comité d’Entreprise, les syndicats : bref par la racaille qui cherche à se donner un petit pouvoir derrière une grosse houppette d’incompétence.
Le président du CE explique son choix par la mobilisation du budget sur la rénovation d’un terrain de basket, par le gouffre que représente la salle de mariage et de réception et surtout par le tsunami qui a frappé l’usine sans que ce salaud de Drucker n’en fasse état dans son émission spécial people qui ont du cœur.

Alors vous pensez que deux ou trois charrettes de livres : ça se brûle et des CD c’est toujours sympa à installer pour effrayer les corbeaux sur le nouveau parquet du terrain de basket (réalité : braderie à 2 euros pour tout le stock : moi je vous le dis : y a des affaires à faire).

C’est vrai quoi : on va pas dépenser de l’argent pour se cultiver alors que dans un même temps, avec ce besoin consumériste et électorale qui motive les élus du CE, on leur propose 2 jours à Disney-land paris pour 300 euros la nuit ! « Tu vas pas nous faire chier Isabelle » (car Isabelle est le prénom de la belle ex-bibliothécaire, on m’apprend de source sure que Brel chantait déjà son prénom dans les années 70 mais là il est trop tard pour vérifier : le CD est déjà installé sur le panier du terrain de hand !) ils décident donc en cœur ces mafieux qui participent au CE de la jarreter dans les oubliettes.

« T’as même pas 200 brebis inscrites en qualité d’adhérent alors que l’usine tourne à 8500 gus ! ». « T’es inutile Isa, une aberration du système trosko-intellectuelle ».

Avant, dans le temps du bleu, de la chaîne et de la ford Fiesta, le but d’une bibliothèque d’entreprise était d’ouvrir ses employés non seulement à la culture mais au combat, ce qui enrichi(ssait) l’esprit peut toujours servir à monter des barricades. On appelle cela un miracle. Dorénavant on achète Mickey Parade au kiosque et on file voir Candeloro sur ses patins à roulettes en déclarant le dimanche midi lors du poulet-frite hebdomadaire : « Ca c’est de l’art ».

Dans pas longtemps on va raconter qu’Isa la douce bibliothécaire est responsable d’une délocalisation massive en Tchitcherine. Qu’elle crée le gouffre dans la maison mère. Patrick Faure nous avait proposé un week-end Grand Prix de Formule 1 et toi tu te la ramène avec un livre sur Jean-Paul Dubois. Avec tes délires de faire venir le professeur Montagnier pour expliquer le cancer de l’aorte lors d’une conférence ou 10 camarades de l’usine se trouvait dans l’enceinte de l’allocution : l’action de la marque chute sur les marchés boursiers !

Société de loisirs tu m’emmerdes ! Bon d’achat à la con pour cinéma multiplex tu me fais chier ! Je te vois trop bien Régis Furigo, petit fils portugais, ouvrier qualifié en porte de 4L, devenu par la grâce de tes collègues responsable de l’achat des manifestations pour le personnel, je te vois bien, devant le promoteur d’une soirée cabaret médiocre dans le fin fond de ta province, accepter le petit supplément « pute et champagne » offert par la maison si tu te décides enfin à signer ce bon de livraison de 200 euros-heureux gagnant pour assister au spectacle un soir de grande déprime.

C’est le petit Louis (Schweitzer) qui aurait été content de distinguer la touf rieuse des danseuses, leurs jambes de vieilles décaties du Crazy-Horse monter et descendre inlassablement lors du French-Cancan. Il serait venu avec vous le PDG de la voiture qui grimpe, pour montrer son coté popu, il vous aurait même offert la tournée du délire et serait parti, tard, au petit jour retrouver son graphique annuel des bénéfices de la marque.

Bon, vous les 400 qui avaient soutenus Isa sur les 8500 je vous respecte et vous demande de garder un souffle d’espoir sur l’humanité. Vous n’êtes pas seul : regardez nous sommes 401 aujourd’hui à soutenir votre action. Isabelle quand à toi, je suis responsable d’une médiathèque ou tu seras toujours bien accueillis pour nous cultiver. Bienvenue à toi, laisse ces pouilleux misérables dans leur Auto-Plus de janvier et viens nous retrouver.