Impression

Pourtant on est sous le choc et le charme de ce parti pris courageux de réalisateur puisque le film est construit à la manière d’un reportage caméra au poing sans être consensuelle, démagogique et sans aucun mea culpa surtout. Un documentaire-fiction pourrait-on dire.

C’est là une histoire sans compromis que l’on vous raconte fort et bien. Avec la justesse d’un regard digne.

On peut observer un Adolf Hitler magistralement interprété par Bruno Ganz, jusque dans son élocution emprunt de l’accent bavarois qui fait illusion. Hitler est né en Bavière, cher pays de son enfance. Artiste contrarié amoureux d’Art, mégalomane et seul.
Entre charisme et pathétique, le personnage exulte. Avatar prodigieux comme rarement le Cinéma a pu en enfanter.

C’est à travers le regard d’une jeune secrétaire allemande que l’on suit le Führer lors de ses derniers jours en avril 1945 dans son dernier refuge en forme de tombeau.
On assiste à l’ultimespectale d’un homme qui n’avait de mesure que pour des ambitions qui servaient la vision d’un monde selon Adolf. Utopique comme le national socialisme !

Pourtant on voit clairement que si ses nombreux « Hauptgeneral » et autres « Oberleutnant » n’avaient pas autant été animé par leur réussite personnelle et la gratification de leur carrière, ils auraient presque réussi un Génocide planétaire.

Un casting historique

Le film est servi par une pléiade d’acteurs majestueux. Leur physique correspond au millimètre aux personnages non caricaturés. Le Cinéma sublime sans prosélitisme. Le rythme magistral comme une partition de Wagner où la quiétude du tombeau se heurte à la violence dans les rues de Berlin.
Montage parallèle de l’Horreur d’une FIN.

L’explosion des bombes et les tirs des balles composent notre musique intérieur. On pourrait presque sentir un rythme techno par les variations de volume de son. Les basses atones pour l’intérieur au Bunker et les aigus stridents de violence quand nous naviguons sous les balles dans la rue. C’est résolument une guerre moderne.

Amateurs de Real Show et de genre gore, vous allez en avoir pour votre argent. La cruauté de la guerre qui massacre les enfants berlinois enrôlés par conviction politique et foi en leur Führer est au rendez-vous sang pour sang.

Les amputations de pieds, de jambes sont insoutenables mais ce n’est rien à côté de la tragédie psychologique qui fait son oeuvre. Comme une autodestruction.

Hitler lui-même sacrifie à tour de bras son peuple qu’il méprise, comme ses partisans eux-même, ou toutes personnes prises en flagrant délit de compassion.

Lui, il avait débarrassé son âme de toutes ces fioritures encombrantes pour réaliser son Oeuvre. La guerre a du bon, il n’aura pas eu à détruire lui-même Berlin pour construire son Acropole à lui, cité d’Art et de monuments majestueux.

Et lorsque l’on parle d’Hitler, on ne peut pas oublier Eva Braun. Magnifique ! L’Exhibitionnisme radieux et la légèreté d’Eva servent la poésie du film à travers « sein Liebe für der Führer ».

Les mœurs, us et coutumes sont conformes à l’Histoire. C’est un travail sur le temps. On est dans le didactique.

Les décors « colossaux » sont une vraie réussite, tout comme les costumes, tout comme le moindre détail.

"La Chute" est un film responsable qui traite d’une jeunesse sacrifiée comme 50 millions de victimes.

"La Chute" est un film respectueux et respectable sur bien des angles.
C’est un film courageux fait par un allemand et on veut bien croire que tout s’est passé comme cela. Ou à peu près.

Le suicide d’Hitler et d’Eva Braun ferait-il aussi partie de cette mise en scène grandiose ?
Le débat reste ouvert.