Un rêve de Noël

Un rêve de Noël

Ah, quand j’étais petit, j’adorais Noël ! Symbole de magie, de jouets extraordinaires, de rues décorées par mille guirlandes brillant d’autant de feux. Nous ne devrions jamais grandir. Comme l’a si bien écrit Arno, ne jamais devenir adolescent. Oui, c’est ça, rester un enfant, en garder le goût de l’innocence, l’âme fertile, perdue dans les délicieux sentiers de l’imaginaire.

Alors, ce jour-là, ce jour-là au moins, continuer à faire semblant. Commencer bien avant, ouvrir les petites fenêtres du calendrier de l’Avent, espérer que la dernière image, ce ne sera pas celle du Christ (dont finalement, on se fout royalement) mais du bonhomme à la houppelande rouge sur son char tiré par ses fidèles rênes.

Oublier aussi, juste un instant, toute la stratégie marketing qui ferait de Noël une fête occidentale aussi massacrée qu’Halloween et consorts.
Rêver, un petit moment, qu’aux douze coups de minuit de cette douce nuit, c’est une trêve universelle qui s’établirait entre les hommes, penser que les ennemis d’hier (au sens propre du terme) deviendraient pour quelques minutes les amis d’aujourd’hui, tombant dans les bras les uns des autres. Fantasmer que la guerre s’arrête partout dans le monde. Oh, encore une fois, pas pour très longtemps, uniquement pour partager une si faible lumière de paix, se retrouver face à face avec l’envie de pleurer, de crier sa joie, d’estimer l’autre, n’importe quel autre, comme son frère.
Redevenir un enfant, quoi... Dis maman, c’est possible, dis ?

Malheureusement, même ici, la réalité nous tombe des mains.
Ainsi, nous apprenions par Libération (bien que nous le sachions déjà) comment les joujoux apportés à nos si charmantes frimousses, étaient confectionnés par d’autres visages d’ange, loin là-bas, en Asie, payés 60 euros par mois à bosser 15 heures par jour. Le Père Noël aurait des allures de Père Fouettard, un comble !
Ils rêvent à quoi, ces mômes-là ?
Peut-être tout simplement à avoir une vie d’enfant. Je veux dire, une vraie vie d’enfant, celle que je décrivais auparavant.

Peut-être que ce soir, leur seule envie, c’est de s’arrêter de trimer, d’être en famille et de se rendre compte qu’eux aussi n’ont pas été oubliés.
Ils se retrouveraient au pied du sapin et comme par miracle, trôneraient des tonnes de cadeaux, pas de ceux qu’ils ont fabriqué. Non, certainement pas, ceux-là, ils n’en veulent pas.
Mais de ceux qu’un vieil homme à la barbe blanche, déjà centenaire, leur aurait délivrés.
Et puis, entre-apercevoir leur regard briller, leur oeil se mouiller.
Croire... Oui, croire qu’une félicité entière envahit la terre.

Quant aux salauds, aux abrutis, aux pingres, aux méchants qui ne meurent qu’à la fin des films, fabuler que leur conscience, comme dans le conte de Dickens, soit troublée, tel l’ignoble monsieur Scrooge, par les fantômes du passé, du présent et du futur. De cette voix qui les rongerait, qui leur donnerait tant de regrets, qui les menacerait d’une centaine de malheurs si leur comportement ne venait pas à évoluer. De cette voix qui viendrait jusqu’à décharner un hypothétique seigneur logeant au royaume des cieux.

Enfin, connaitre l’espoir impossible d’un bonheur sans frontières...
C’est naif, vous me direz, tout cela, très naif. C’est vrai mais si on ne peut se prendre à s’enthousiasmer un jour comme celui-ci, quand serait-ce possible ?
Juste faire semblant, maman, juste faire semblant, comme un rêve d’enfant, comme j’ai toujours souhaité un Noël blanc...

Allez, joyeuses fêtes !