Lunatic, Eric Dubois, le Lys Bleu éditions
Davantage connu pour être un poète talentueux et prolixe, Eric Dubois s’essaye pour la deuxième fois au roman après le très réussi et prometteur : "L’homme qui entendait des voix", un récit autobiographique sur la schizophrénie chez Unicité. Ce "Lunatic" est difficile à résumer mais c’est un livre remarquable par son invention, sa désespérance et cette tentative louable d’inventer un monde qui ne peut exister que par le prisme de son auteur. Un ouvrage à la fois brillant, cynique, étonnant, déstabilisant, cruel et envoûtant. A lire.
Présentation de l’Editeur :
Le titre du roman " Lunatic " en anglais veut dire " fou " ou "folle" . Catherine La Folle et Henri s’aiment-ils encore ou ne s’aiment-ils plus ? Roman d’une certaine jeunesse, perdue dans les vicissitudes du sexe, des drogues et autres addictions, dans la folie d’une époque consumériste et désespérée. ERIC DUBOIS
*Il n’y a plus personne. On a dansé sur ça. Dansé. Cela ne te rappelle rien. Quoi ? On a dansé sur ça.Tu me draguais ET je ne te connaissais pas encore. J’essayais de te faire la cour. Rectification. Tes mains autour de ma nuque, j’ai craqué. Je veillais à ne pas trop te brusquer. Je n’attendais que ça, je ne demandais que ça. Alors, je t’inspirais plus que de la sympathie ? J’étais soûle. C’était où ? Chez Bertrand. L’été dernier. Comme la pub pour les préservatifs. Extrait de " Lunatic" .
Notre avis : Catherine La Folle et Henri entrecroisent leurs destins tragiques et malheureux. Ce livre est une plongée nostalgique, la fin d’un monde, la fin d’un amour et d’un couple, de la pire manière qui soit.
Eric Dubois écrit ce roman comme une oeuvre poétique, en vers libres et torturés. Des choses, des événements, des sentiments se cristallisent, et d’autres pas. A la recherche du désir ou dans l’impossibilité d’en avoir, à la croisée des chemins de l’amour et de la détestation. Une balade sans faux semblant au coeur de la relation homme/femme où ce coeur saigne.
Nous sommes plongés dans cette histoire étrange, singulière et plurielle à deux voix. Une femme, un homme, deux mondes qui s’affrontent et qui sont irréconciliables.
On assiste à un naufrage parsemé de petits oasis, c’est beau et laid puis ça devient triste ou insoutenable. C’est écrit au scalpel. Beaucoup de vérités sur la nature humaine sont dites. Certaines phrases sont des citations qui pourraient rester.
Entre Houellebecq et Beigbeder, Eric Dubois trouve sa propre voix, son style proprement romanesque. On est vraiment dans une excellente littérature, obsessionnelle, créative, sans compromis et qui ose l’abstraction non figurative en direction de l’humain, ce qui rend cette écriture très surprenante et rare. On est chez un essayiste courageux et habile dans cet audacieux montage parallèle. C’est fort et marquant. Parfois dérangeant, mais jamais vain ou facile. A découvrir.
Lunatic, Eric Dubois, Le lys bleu Editions.