Interview de l’artiste-peintre Emmanuelle Messika

Interview de l'artiste-peintre Emmanuelle Messika

C’est une femme timide, discrète et simple mais son oeuvre picturale est gigantesque, forte, audacieuse, créative et dense. Emmanuelle Messika depuis des années se terre dans son appartement-Atelier au dernier étage d’un immeuble de st Germain des près et vit avec ses peintures et ses chats. Son travail est fort, torturé, pluriel, inquiétant, drôle, touchant et percutant, ses petits personnages ou ses tableaux abstraits nous racontent mille histoires uniques, profondes, cruelles, belles, tragiques, étranges et plurielles.
Rencontre à coeur ouvert avec une Artiste qui mérite qu’on la découvre et qu’on la fête.

1. Chère Emmanuelle, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?

Bonjour je m’appelle Emmanuelle MESSIKA, j’habite et je peins au centre de Paris. Je suis née en 1979,
J’ai eu mon diplôme des Beaux-Arts de Paris en 2005. C’était mon premier et dernier diplôme.Après j’ai enchainé de nombreux petits boulots (sans responsabilité) notamment dans la musique (tractage), dans les bars, les musées, les théâtres et J’aime beaucoup les lieux de rencontres festifs et culturels

2. Quel est le parcours artistique et éducatif qui fait que tu es devenue artiste peintre ?

Une série de non-choix. Une fuite de l’ennui et de la routine. Une habitude rassurante. Des repères bien ancrés. Une aventure du surplace. Une exploration du temps.Le hasard sur le moi. J’ai l’impression d’être acculée comme mes petits personnages à des situations inextricables. L’amour … malheureux. Le hasard me fabrique
J’ai toujours eu une sorte de confiance dans le hasard. Une recherche de sens dans la découverte.

J’ai très peu de souvenirs de mon passage chez les Montessori.
Ai-je inventé des souvenirs qui lui sont liés ? Je ne sais pas, la question reste ouverte, sans solution, énigmatique. Puis 4 ans vécus à Madrid et l’arrachement à mon nouveau pays. Perte des repères. Oubli du français.
De retour à Paris dans une école majoritaire de filles. Le théâtre à partager. Au bahut aussi.
Mais on corps me trahit. Je n’en suis plus maitresse comme dans l’enfance.
Je n’en suis pas sûre . Complexes. Solitude. Timidité maladive.
Je préfère la peinture qui m’éloigne de la pesanteur, noirceur, raideur et me permet un oubli de soi, un refuge. Qui protège dans son monde de la concentration. On m’encourage. Peintures avec du sang comme de l’encre, xxpériences avec de la cire.
Adolescence, Chute. Rupture avec la norme. Problèmes de santé. Mon parcours scolaire est empêché.

Je suis accueillie par des adultes aux cours du soir de Montparnasse. L’activité picturale devient mienne. Je tends des toiles. 1999 entrée aux Beaux-arts je suis justifiée. Il y a quelque chose au bout de ce long couloir médicamenteux.
« Vous dessinez vos fantasmes ? » : Premier choc des mots.
Je n’ai cessé de fantasmer mes rapports aux autres.
A part les vernissage je ne suis plus obligée de paraitre pour être.

3. Comment définis-tu ton style ?

Habité. Coloré. Amour profond des couleurs. Bordélique ; je fais de l’ordre. Amour envers mes sujets ou même adoration de l’absence.
Contemporain. Je suis à la recherche formelle de quelque chose, comme une quête

4. Tu fais de la peinture figurative, abstraite, de l’acrylique, de la gravure... comment ça se décide ce fond et cette forme-là ?

Le hasard encore. Une série de coïncidences, mais je décide seule.
Je me suis remise à la peinture à l’huile, pour le rendu.
Je cherchais à developper ma pratique au sein d’un lieu social ou atelier commun ; pour rompre un peu l’isolement. Dans les dessins abstraits j’ai trouvé un refuge où je suis à l’abri pour me consoler et me reconstruire.
Quand je serai assez réparée de trahisons imaginaires et d’amours déçus, je serai j’espère prête à me confronter avec la figure. C’est ainsi qu’intervient la gravure car comme pratique, elle commence ce travail de mélange des genres
Et cette réconciliation interne. Ce pardon de soi important pour les lendemains apaisés.

5. Quels messages veux-tu faire passer avec ton art ?

J’ai besoin de m’exprimer et je sens parfois une certaine connivence avec un spectateur. Complicité avec le témoin. Ce qui crée un lien invisible avec les humains. j’aime rire Parfois je me moque ou je me venge ; le dernier mot de la peinture et sa toute puissance.J’y retrouve une consolation.
Ma peine est transcendée, elle devient un outil.

6. La peinture soigne quoi en toi ?

Mon quotidien. Ma solitude. Mon temps. L’ennui qui pourrait être présent. Mes psychoses. Mon incommunicabilité. La peinture célèbre la magie de l’instant pour la journée parfois

7. Quels sont tes projets et rêves artistiques ?

Me réconcilier avec mon passé. Travailler d’arrache pied encouragée par un entourage bienveillant. Sortir un peu de chez moi et de mon environnement routinier. Tisser des liens Trouver la beauté en plus des chats et des plantes. Refaire des expos. Rassembler mes amis et mes connaissances. L’idée d’une certaine reconnaissance serait idéale, que ça tourne bien, mouvements à l’atelier. Amitiés. Trouver une dynamique et un équilibre entre vie sociale et travail.

8. Je te laisse le mot de la fin, chère emmanuelle !

Au boulot ou on va boire un verre ?

http://www.emmanuellemessika.fr